1. |
Ville Totale
07:10
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Elle ne dit même plus son nom la ville totale
Fourmillante exubérante multicéphale
Elle remplit tout l’horizon la ville totale
Heureux le nouvel empire du vertical
Enfer planétaire de la ville totale
Tyrannie territoriale
Elle a compris vos désirs la ville totale
Elle s’empare de vos plaisirs la ville totale
Elle dévore, digère, recrache et ré-avale
Bienvenue dans l’ingestion stade terminal
Froideur immorale de la ville totale
Solitude ultrasociale
Des confins du monde, du berceau à la tombe
Des tours et des toîts, des artères et des voies
Sans cesse changeantes et pourtant immuables
Bienvenue dans la ville totale
Cité décimée, cité phagocytée
Insidieusement, remplit tous les instants
Remplit tous les espaces passés ou présents
Bienvenue dans la ville totale
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2. |
[ Urbs Maxima ]
01:39
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Des milliers d’années à ancrer la ville dans ce sol appauvri, à éliminer le vert et la terre pour partout y étaler les bleus et les gris de l’acier et du verre... bientôt la ville fut totale.
Si quelques temps encore on vit fleurir les couleurs des robes éclatantes, des chapeaux saugrenus, bientôt, l’humanité aussi perdit de sa lumière, dans ses structures de pierre et de métal qui montaient de plus en plus haut, chassant le ciel et les oiseaux.
On y était comme dans une boîte, à l’étroit mais illuminés, séparés du ciel par un film plastifié, on ne sentait rien dans l’air conditionné. Désert pour les sens, sans issue pour la pensée.
Derrière des écrans, des êtres sociaux sans société, des assemblées d’individus isolés, des parlements d’humains modélisés. Du moindre atome aux galaxies de savoir, tout avait été contrôlé, mis sous cloche, éviscéré.
Virtuels débats, ébats virtualisés, qui ne laissaient à cette humanité qu’un espace urbain fourmillant mais inerte, conditionné.
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3. |
Air conditionné
07:11
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4. |
La mémoire du monde
07:59
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On a perdu la mémoire du monde
Murés dans cette ville inféconde
Perdu l’épaisseur du temps
Seules désormais comptent les secondes
D’un omni-présent
Où sont les richesses des mythes d’antan
Enfouis sous le culte du maintenant
On a perdu la mémoire du monde
Sous les pavés plus de catacombes
Quand l’histoire s’est arrêtée
Que ses traces ont disparu dans l’ombre
Qui s’est révolté ?
Chacun dans son coin de solitude
Déguise en triomphe sa servitude
On a perdu la mémoire du monde
Juchés sur les ruines nos coeurs qui grondent
Dissous nos imaginaires
Dans la surveillance qui surplombe
Chaque coin de terre
Comment vaincre la tyrannie de l’instant
L’immédiateté de nos écrans
Sans souvenir, sans retenir
Comment inventer l’avenir ?
Sans sédiment ni sentiment
Suffit-il de rester vivant ?
Chacun pour soi, pas vraiment là,
Courir après le temps qu’on n’a pas
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5. |
Lianes
06:01
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De bas en haut un vert luxuriant lézarde les tours
Surgies d’un autre temps les lianes suggèrent de verticaux détours
La végétation bourgeonne, ruisselle, jaillit jusqu’aux cimes
Saisiras-tu ces mains tendues pour t’extraire de l’abîme ?
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6. |
[ Ascenceur émotionnel ]
04:36
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Les murs se sont lézardés, les hauteurs écroulées, le sol ouvert.
La vie s’est remise à creuser, à grouiller, à grignoter dans le béton inerte.
De bas en haut une végétation luxuriante monte et cascade et enveloppe les résidus du monde.
De haut en bas, les lianes descendent, affranchies de la gravité.
Les angles rationnels et géométriques laissent place aux fécondes et tortueuses rondeurs de la végétation : bourgeons, feuilles, ramures, pousses, fleurs, tiges, spores, graines, boutons, pollen, pistils, sépales. La vie rejaillit.
L’eau ruisselle sur les branches, les épaules coulent, les regards flottent, les pieds pataugent, les consciences se réveillent. Du fond de l’abîme, l’Homme sonde.
Les lianes sont autant de mains tendues pour s’élever.
Mais alors... j’y vais ? J’ose ? Je casse les codes ? Je fais le mur ? Je grimpe ? Je grimpe ? Je grimpe ?
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7. |
Parkour
07:50
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Passe, saute, cours, évite, longe, bondis, hop !, trotte, déboule
Casse, laisse, grimpe, déguerpis, attrape, vite, lance, défoule.
Chasse, chope, bouge, faufile, plonge, franchis, stop !, bloque, déroule,
Trace, baisse, blinde, file, gicle et prends tes clics, fonce, écroule.
Allez file enfant docile, redessine ta ville,
Cours le long des dalles, à la verticale, vital !
N’aies pas peur de la hauteur,
Prends ton élan et saute de voie en toit, moi j’ai foi en toi
Bouge ton corps de pantin mort, mets les voiles dehors,
T’es seul maître à bord, et ça vaut de l’or, explore !
Prends la poudre d’escampette,
Souviens toi qui sème le vent récolte la tempête... répète ?
Libérée par un bond
J’suis entrée en révolution
Allez file enfant fragile, redécore ta ville,
Tire des diagonales de pont en canal, vandale !
N’aies pas peur de tes ardeurs,
prends ton élan et saute de voie en toit moi j’y crois...
Passe, saute, cours, évite, longe, bondis, hop !, trotte, déboule
Casse, laisse, grimpe, déguerpis, attrape, vite, lance, défoule.
Chasse, chope, bouge, faufile, plonge, franchis, stop !, bloque, déroule,
Trace, baisse, blinde, file, gicle et prends tes clics, fonce, écroule.
Barre, droppe, bourre, parcours, tombe, trace ta route, top !, talonne,
Traverse, vole, t’arrêtes pas quand tu flippes, freine, cartonne.
Scrute, monte, traque, débourre, efface tes doutes, mute, esquive,
Par-là, sors, nique ta zone de confort, serre, dérive.
Chute, fonce, craque, accours, la vie est courte, lutte, poursuis,
Dompte ton corps, reconquiers ton dehors, sors, t’es libre !
Sur les toits se fissurent
Mes exploits, retour au pied du, au pied du mur
Mon corps s’affaisse
Je sens partir mes forces
Quelques heures ont suffi
Pour que l’élan s’amorce
Résister encore
Ultime effort...
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8. |
[ Effleurvescence ]
05:25
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La chute...la chute avait duré un fragment d’instant, une éternité. Un espace-temps élastique où comme suspendu le monde d’hier et celui d’aujourd’hui s’étaient entrecoupés.
Il en restait dans l’esprit habité par l’échec une vision fugace, une lumière éblouissante, un possible incarné. Un autre modèle existait, une autre ville, une autre vie. Ce qu’il s’était passé au sommet des tours pouvait ressurgir, le mouvement enfanté n’était pas mort. Il coulait dans les veines de ce corps meurtri, de cette humanité robotisée par un quotidien numérique. Il coulait de ce ciel qu’on avait si longtemps oublié. Une pluie dense, régulière, dansante ramena les sens au présent.
La pluie, on ne l’avait sentie depuis si longtemps. Sa musique, son odeur, son gout frais, sa fraicheur, sa couleur qui coulait sur les peaux, sur la ville, lavait la grisaille dans les cœurs qui de nouveau battaient vite. La peur, le pouvoir et la force avait eu raison de l’élan et du jeu. Mais pour combien de temps ?
Des torrents courraient dans nos veines, habitées d’une énergie neuves et d’une chaleur retrouvées. Bientôt ils rejoindraient les torrents d’eaux qui déjà de la ville rendaient l’austérité plus liquide, ébranlable.
Mais, et c’était une évidence, ce réveil individuel ne suffirait pas. Il fallait recoudre ce collectif depuis si longtemps délité, ressouder cette humanité depuis si longtemps dissoute.
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9. |
Après la pluie
03:23
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10. |
Plant Bombing
06:51
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11. |
La Canopée
06:41
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Je te regarde.
Depuis la canopée.
Si puissante et si fragile, à l’orée de ta nouvelle vie.
Je te regarde.
Elle ne dira plus son nom, la ville totale.
Elle a fait sa transition, la ville totale.
Elle est née d’une émotion, la ville totale.
Elle a fait sa mutation, la ville totale.
Elle s’enfuit dans l’horizon, la ville totale.
Elle découvre son frisson, la ville totale.
Elle a de nouveaux poumons, la ville totale.
Elle a l’âge de la raison, la ville totale.
La ville totale. La ville totale. La ville totale...
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